Les Editions Saint-Rémi attaquées par la Fraternité Saint Pie X de Mgr Fellay

Louis-Hubert REMY

Le 2 avril 2011, dimanche de Lætare,

 
La vérité est seule tolérante et ne persécute jamais personne, elle se borne à empêcher de faire le mal. L'erreur est essentiellement intolérante et dès qu'elle se sent en force, école, parti ou secte, elle tient à manifester sa puissance en supprimant ses adversaires, en les injuriant, surtout en les empêchant de parler. Le droit de parler, très préconisé des libéraux, au point qu'ils l'inscrivent dans la constitution et en font l'élément privilégié du parlementarisme, ne leur paraît acceptable que s'il leur assure les immunités de monologue et empêche toute critique. L'objet qui leur plaît le plus, c'est l'encensoir pour eux, et, pour leurs adversaires, des chaînes ou le bâillon.
 
Mgr Fèvre, Histoire critique du catholicisme libéral, p. 546.

Les éditions Saint-Rémi (ESR) ont eu le courage d’éditer 219 sermons de Mgr Lefebvre. Ce ne sont pas tous les sermons, mais chaque sermon est cité dans son intégralité.

Cette initiative très utile pour les fidèles, mais aussi pour tout lecteur, a reçu cette remarquable lettre d’encouragement de M. le curé Schoonbroodt :

 

Lettre de M. le curé Paul Schoonbroodt

Le 25 mars 2011, Fête de l’Annonciation,

en l’anniversaire des 20 ans de la mort de Mgr Lefebvre.

Dans la biographie[1] que Monseigneur Bernard Tissier de Mallerais a consacrée à Monseigneur Marcel Lefebvre, on découvre combien la vie de ce dernier fut riche et mouvementée. Quelle foi ! Quel amour de Dieu ! Que zèle pour les âmes ! Que de dons ! Quelle formation ! Que d’exigences ! Que de responsabilités ! Que d’aventures ! Que d’épreuves ! Que de combats ! …Quel courage !

Monseigneur Tissier en développant ces 86 ans de vie (1905-1991), en ne nous épargnant aucun détail, sut montrer que Monseigneur Lefebvre, obligé de toujours être exemplaire, n’aurait pu "tenir", même physiquement, sans une vie intérieure intense, sans une vie de méditation, d’étude, de réflexion. Alors que tous ses confrères s’effondraient, se cachaient ou pire apostasiaient, Monseigneur Lefebvre, sans rien changer, tenait à croire et faire ce qu’il avait toujours cru et fait, à enseigner ce qu’il avait toujours enseigné.

Il a même tenu à ce que l’on grave dans le marbre, sur sa tombe : Tradidi quod et accepi, j’ai transmis ce que j’ai reçu. Tout est dit ! Quel message post mortem !

C’est ce qui attirait autour de lui, ceux qui comprenaient que la sainte Eglise ne peut ni se tromper, ni nous tromper, que la vérité transmise par la sainte Eglise ne peut changer. La très sainte Trinité, par la voix de Saint Paul ne nous révèle-t-elle pas : "Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème !" (Galates i, 8). Et pour s’assurer que nous avons bien compris ce message fondamental, obligatoire, repère de la fidélité à travers tous les temps, saint Paul répète dans le verset qui suit : "Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure, si quelqu’un vous annonce un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème !" (Gal., i, 9). C’est pourquoi Mgr Lefebvre a professé la doctrine éternelle !

On comprend facilement que pour être un bon professeur de mathématiques, il faut avoir été le bon élève d’un bon professeur de la génération précédente, pour transmettre à la génération suivante, ces mathématiques créées définitivement en une seconde (car sinon, rien ne peut fonctionner !). Les mathématiques seront toujours les mêmes en tous lieux, en tous temps.

Il en est de même de la Création, et il en est de même surtout du contenu de la Foi : il ne peut changer. Un bon évêque, un bon prêtre, c’est celui qui a bien écouté ceux qui dans la génération précédente l’ont formé et qui transmet intégralement à la génération suivante le trésor reçu. C’est pourquoi nous croyons ce que la Très Sainte Vierge Marie, ce que saint Pierre, ce que sainte Jehanne d’Arc, le saint curé  d’Ars, saint Pie X, etc. ce que tous les fidèles des siècles précédents croyaient. Avec cette même Foi qui leur a assuré la vie éternelle, nous sommes sûrs d’être dans La Voie, La Vérité, La Vie.

Mais il ne suffit pas de rester dans les généralités du contenu de la Foi. Notre Religion n’est pas intellectuelle, elle se vit jour par jour, elle se nourrit par les sacrements, elle se nourrit par un enseignement constant (allez enseigner les nations). C’est pourquoi Monseigneur Lefebvre a transmis les sacrements de toujours. Il a fondé la fraternité Saint Pie X très spécialement pour assurer la transmission du saint Sacrifice de la Messe tel que codifié par saint Pie V dans la Bulle Quo primum tempore et le maintien du Sacerdoce catholique y compris l’Episcopat non altéré, rendu invalide par le rite réformé par Paul VI en 1968. Il a aussi assuré toute sa vie un enseignement de qualité. Et s’il est bon de connaître sa vie, il nous paraît indispensable d’éditer ses sermons.

* * *

L’ensemble de ces textes présente un double intérêt.

1°) C’est la première fois qu’un enseignement dispensé par un évêque de l’Eglise Catholique de toujours, parle, au jour le jour, de ce qui fait la vie chrétienne.

Monseigneur Lefebvre profitait de ses sermons pour transmettre la pure doctrine, le catéchisme, le dogme, l’enseignement sur tous les sacrements et la vie sacramentelle, pour expliquer la vie de l’Eglise, la vie des saints, les fêtes, la vie intérieure, l’examen de conscience, donc pour expliquer comment vivre chrétiennement : tout ce qui fut toujours enseigné, pratiqué et vénéré depuis 2000 ans, tout ce qui permit à chaque génération d’aller au ciel. Ces sermons sont un trésor unique. Les jeunes, même les jeunes clercs, qui ne voient et n’ont connu que la Rome conciliaire, ne savent pas ce qu’était la vie de la véritable Eglise, de l’Eglise en ordre.

Que de richesses ! De dimanche en dimanche avec Monseigneur, on vit le cycle chrétien qui nourrit la Foi, la vie intérieure, qui forme les consciences, dans la paix et la joie, l’amour de Dieu et l’espérance du ciel. Et toujours, à la fin de chaque sermon, quelques recours et prières à la Très Sainte Vierge Marie !

C’est certainement ce que la Rome moderniste craint le plus.

Comment savoir ce que sont l’onction, la douceur, mais aussi la fermeté, l’exigence d’un évêque catholique ? Alter Christus, un évêque se doit d’être doux et humble de cœur. Sel de la terre, surveillant, il se doit de définir le bien, le mal, le vrai, le faux, le juste, l’injuste, l’ami, l’ennemi. C’est ce qu’a fait éminemment Mgr Lefebvre.

C’est certainement ce que la Rome moderniste craint le plus.

Comment découvrir ce qui a toujours été enseigné, de générations en générations, ce qui forme les catholiques, ce qui les maintient dans la Foi, l’Espérance, la Charité ? Mgr Lefebvre fut un des derniers à aimer et enseigner le Christ-Roi, en qui se résume la plus pure Charité, la seule Espérance, le tout de la Foi.

C’est certainement ce que la Rome moderniste craint le plus.

2°) Le second intérêt de ces sermons : ce sont les informations et réflexions sur le combat contre la secte conciliaire.

Ces sermons permettent de suivre le combat de Monseigneur Lefebvre au quotidien. Par ses confidences, ses analyses, il déjoue les brigandages, les manœuvres, les mensonges, les trahisons, et redonne l’espérance, …tout ce développement permettra aux fidèles, aux lecteurs de mieux comprendre les enjeux et les projets de ceux qui imposent la Religion universelle.

Oui ce fut un gigantesque combat, peut-être unique dans l’Histoire de la sainte Eglise ! Qu’ils furent peu nombreux les combattants ! Que les chefs furent encore plus rares ! Que de traîtres ! Traîtres à leur Maître, Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Traîtres aux âmes qui leur étaient confiées. Quels abandons ! Que de pleurs, que de chagrins !

A présent, tous ont rendu leurs comptes, mais seul Monseigneur Lefebvre a osé dire dans le sermon de Lille (29 août 1976) : « Je veux qu’à l’heure de ma mort, lorsque Notre-Seigneur me demandera : "Qu’as-tu fait de ton épiscopat, qu’as-tu fait de ta grâce épiscopale et sacerdotale ?", je ne puisse entendre de la bouche du Seigneur : "Tu as contribué à détruire l’Eglise avec les autres !" »

Et pour résister, il fallait chaque jour juger des nouveautés, les comparer avec la tradition et dire : NON, avec courage et obstination, jusqu’au dernier jour.

C’est ce NON aux nouveautés, c’est ce OUI à l’Eglise de toujours qui se découvrent dans ces textes. Ces textes ne méritent-ils pas d’être proposés aux fidèles, qui, aujourd’hui, n’ayant pas connu ces cinquante ans de combat, n’ont plus les repères suffisants ?

Le lecteur découvrira parfois des contradictions, des hésitations, des marches arrière, dues à diverses influences libérales et à la vertu de prudence, mais d’année en année, surtout à la fin, et singulièrement à partir de 1986, année de la première cérémonie « interreligieuse » blasphématoire d’Assise qui lui ouvrit les yeux de manière décisive, Monseigneur évoluera dans le sens d’une fermeté toujours plus claire. C’est ainsi qu’il conclut en effet sa dernière conférence aux séminaristes d’Ecône, quelques semaines avant sa mort (11 février 1991 :

la situation dans l’Eglise est plus grave que s’il s’agissait de la perte de la foi. C’est la mise en place d’une autre religion, avec d’autres principes qui ne sont pas catholiques.[2]

Cette phrase est absolument remarquable ! En tout, toujours, il n’y a qu’une seule vérité. Elle est parfois difficile à découvrir. Dans cette crise unique, aux conséquences dramatiques pour les âmes, mais aussi pour les sociétés, pour les nations, pour l’Eglise, cette phrase explique tout, résume tout, résout tout. Prononcée à Ecône, devant les séminaristes, quelques semaines avant sa mort, elle est l’ultime enseignement de Mgr Lefebvre. Gardons-la bien gravée et méditons-la pour en tirer tout le profit : c’est la mise au pilon de l’hérésie de Vatican II.

Il savait que le combat n’était pas terminé. Il l’avait dit et il en avait confié la suite à ses successeurs. Que font-ils ? Sont-ils fidèles à leur fondateur ? Ne devraient-ils pas en 2011 aller plus de l’avant ?

* * *

Voilà les raisons qui vous ont décidés à prendre le risque d’éditer les homélies …si dérangeantes de Mgr Lefebvre. Peut-être une opposition essaiera-t-elle - surtout par la conspiration du silence - de restreindre la diffusion que mérite cette édition. Comment se fait-il que personne n’ait pris cette initiative avant vous ? Pourquoi ces 20 ans de silence ? Questions aux réponses bien dérangeantes !

Que vous, lecteurs, vous en soyez les diffuseurs ! Lisez ces documents, méditez-les et parlez-en autour de vous. Offrez-les. Quel meilleur service à rendre aux âmes ? Tout d’abord à la vôtre, mais aussi à celle de vos clercs, de vos enfants, de ceux qui vous sont chers. Ils permettront à beaucoup de les conduire sur le chemin du ciel.

Apprenons de Monseigneur cet amour de la Très Sainte Vierge Marie qui ne le quittait jamais, et plus spécialement en cette fête de l’Annonciation, fête du OUI de la Très Sainte Vierge Marie répondant au NON de l’adversaire si omnipuissant aujourd’hui.

Confions à notre sainte Mère, Reine du ciel et des élus, mais aussi Reine de France, la suite du combat qui s’achèvera par son TRIOMPHE !

Seuls une grande Foi, une grande Espérance, un grand Amour de Dieu, permettent de le comprendre ! C’est ce qu’avait compris celui que l’on appelait tout simplement : Monseigneur !

Abbé Paul Schoonbroodt

 

♦   ♦   ♦

Telle est la lettre de M. le curé Schoonbroodt, le seul prêtre belge n’ayant pas apostasié.

M. Saglio obtint des parents de Mgr Lefebvre encore vivants, son frère Joseph, 96 ans, et sa sœur Mme Marie-Thérèse Toulemonde, 85 ans, un accord chaleureux, très encourageant, voire enthousiaste, chacun comprenant le bien que ces sermons peuvent faire aux âmes.

Bien sûr, il n’y eut aucun contact pris avec la FSSPX. Depuis la mort de Mgr Lefebvre, il se disait qu’il n’avait pas laissé de testament. Les ESR n’avaient donc aucune raison de demander une quelconque permission à la FSSPX, le frère et la sœur de Mgr Lefebvre apparaissant naturellement comme les seuls ayants droit.

Le 25 mars, 20è anniversaire de la mort de Monseigneur Lefebvre, les livres (3 tomes) furent disponibles. Trois jours après (le 28 mars) la FSSPX attaquait, déclarant avoir seule les droits exclusifs de publication, et exigeant de ce chef l’interdiction de la diffusion des sermons de Mgr Lefebvre.

Les ESR, pas du tout intimidées se défendirent, la propriété n’étant absolument pas claire, et la censure depuis 20 ans de ces sermons constituant un scandale constatable par quiconque, d’autant plus que les quelques rares sermons diffusés par la FSSPX ont été censurés sur des passages importants.

Le procès en référé eut lieu jeudi 31 mars.

Quelle ne fut pas la surprise de découvrir qu’il fut reproché aux ESR et à M. Saglio, des positions qui sont celles de l’Eglise de toujours, la sainte Eglise Catholique, et qui étaient celles de Mgr Lefebvre[3].

Ce coup bas est très grave.

Il nous confirme que la FSSPX a trahi son fondateur, qu’elle est passée du côté des ennemis du nom de catholique, et qu’elle est prête à tout !

C’est énorme : censurer son fondateur ! Trahir son fondateur ! Utiliser les pires arguments de nos ennemis ! C’est sûr, ils sont passés dans le camp de nos pires ennemis !

La FSSPX est morte, il n’en reste désormais qu’un ersatz : la fraternité Fellaysienne !

Ils savaient que leur position sur la propriété littéraire était douteuse, ils attaquèrent alors sur la personne de M. Saglio, vieux procédé bien connu de nos ennemis.

Honte à ces prêtres, calomniateurs et traîtres ! Car, comme l’a dit l’avocat des ESR, M. Saglio ne pouvait se déplacer pour raisons professionnelles.

Aidez M. Saglio. Achetez, lisez, diffusez les sermons de Mgr Lefebvre.

Comme l’enseigne le vénérable Holzhauser[4], à la fin du 5è âge il y a tellement peu de croyants qu’on peut facilement les appeler par leurs noms.

« Il en est peu qui espèrent dans Sa providence, qui servent Jésus-Christ selon l'état de leur vocation, et qui aiment Dieu et le prochain. C'est pourquoi il dit : Un petit nombre d'hommes. Le texte latin exprime les noms (nomina), c'est-à-dire, un si petit nombre, qu'on peut facilement les appeler par leurs noms ».

http://www.a-c-r-f.com/documents/HOLZHAUSER-Interpretation_Apocalypse.pdf, p. 11.

En serons-nous ? Y aura-t-il beaucoup de prêtres ? Prions pour eux.

VIGILATE ET ORATE



[1] Marcel Lefebvre, une vie, éditions Clovis, 2002. Lire particulièrement le chapitre XX, J’ai transmis ce que j’ai reçu 1988-1991, p. 597-646, où Monseigneur Tissier développe les vertus de Monseigneur Lefebvre plus spécialement dans son enseignement, ses sermons et ses allocutions des dernières années de sa vie.

[2] Mgr Tissier, Marcel Lefebvre, une vie, page 639.

[3] cf. 1976-02, Mgr-Lefebvre : Conférence aux As.-St-Pie-V sur Vatican II, cassette de l’abbé Guépin, qui l’avait enregistré avec l’accord de Mgr Lefebvre.

[4] Écrit en 1650 environ, son livre a mérité ce jugement particulièrement élogieux que l’on peut lire dans Les Petits Bollandistes, septième édition (1878), t. 6, p. 229 : “Holzhauser a laissé, entre autres ouvrages, une Interprétation de l’Apocalypse de saint Jean, qui ne va que jusqu’au cinquième verset du quinzième chapitre, ouvrage étonnant, dit-on, et qui offre une si admirable concordance des temps et des événements, que les autres commentaires de ce livre sacré ne sont en comparaison que des jeux d’enfants”.