LE PRETRE DE FATIMA

Par Francis Alban et Christophe A. Ferrara

Avant Propos de Malachi MARTIN

LE PRETRE DE FATIMA Par Francis Alban et Christophe A. Ferrara

Les publications Good Counsel Pound Ridge, N.Y. 10576 Copyright 1997.1999.2000

publié aux USA Libray of Congress

Catalog  Carte n° 98-072096


FATIMA PRIEST est l’histoire étonnante de la vie et de l’apostolat du Père Nicolas Gruner« Père Gruner, votre vie est en danger, ici à Fatima »

…dit le Cardinal Padiyara

Le fidèle qui barrait l’escalier, fondit brutalement sur le Père Gruner, se saisit de lui, le lançant contre le mur ! Un second assaillant l’attrapa, le fit pivoter sur lui-même et le jeta à nouveau contre le mur…et disparut.

Le Père Pacheco demanda : pourquoi faites vous ça ?

Vous savez très bien que vous ne pouvez attaquer ainsi cet homme, il est prêtre ! Qui vous a mandaté pour faire ça ?

Le recteur du sanctuaire vous a-t-il mandaté ? Là, le premier assaillant hocha la tête : Oui !

Le Cardinal Padiyara indiqua ensuite au Père Gruner : « Père Gruner, votre vie est en danger, ici à Fatima »

Tout a été essayé pour faire taire le Père Gruner jusqu’à l’agression physique dans la sacristie du sanctuaire de Fatima.

FATIMA PRIEST est l’histoire étonnante de la vie et de l’apostolat du Père Nicolas Gruner, le prêtre canadien qui a voué sa vie de prêtre à « garder en vie »  le Message de Notre Dame de Fatima.

Si les graves avertissements contenus dans ce message étaient étouffés par l’Eglise en place, vous et votre famille, vous seriez vraiment en danger 

Du Canada à Fatima, en passant par l’Inde et le Mexique et jusqu’aux travaux internes à la bureaucratie du Vatican dans la poursuite de son Ostpolitik,

FATIMA PRIEST  est une grande aventure dont la réalité dépasse la fiction.

Les enjeux de cette aventure sont fondamentaux : il ne s’agit ni plus ni moins que de la survie de notre civilisation et Notre Dame le dit à Fatima :

« Si l’on écoute mes demandes la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, suscitant des guerres et des persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés. Le Saint Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »


PREFACE des Auteurs

Une vie fondée sur la Vérité est inébranlable. Seule, la perte de la Vérité peut nous faire trembler. Les Patriarches et les Prophètes ont frémi à la seule pensée de perdre Dieu, de ne pas avoir assez la crainte de Dieu, de ne pas le servir avec suffisamment de grandeur. Ils tremblaient aussi à la vue du seul refus de reconnaître la Vérité.

Leurs enfants spirituels, les Saints de l’Eglise, pour défendre la Vérité, ont traversé en chantant les arènes qu’ils ont inondées de leur sang. Ils se sont prêtés avec grâce à la hache des bourreaux, ont monté en courant les marches de la guillotine, ont chanté des prières devant les pelotons d’exécution.

La liste des noms (le martyrologe), qui se comptent par centaines de milliers, de ceux qui ont volontairement donné leur vie pour défendre la Vérité est l’une des pierres angulaires de notre héritage Catholique.

Sourire à la mort a été le dernier acte sur terre de nombre de nos ancêtres spirituels.

Chacun d’entre eux, cependant, avant de pouvoir ainsi sourire à la mort, a dû franchir un obstacle. Ils ont dû maîtriser l’indignation qui submerge l’esprit et le cœur de l’homme,  lorsque la Vérité est rejetée ; cette énergie que la nature humaine possède en abondance, ce courage donnés généreusement par le Créateur aux Patriarches, aux Prophètes et aux Saints, comme l’attestent l’Ecriture Sainte et l’Histoire de l’Eglise. Ils ont eu à contrôler leur colère.

Or, aujourd’hui, une grande colère gronde sur terre, elle porte le sceau du chaos et d’une  tristesse infinie, cadeaux habituels de Lucifer à ses cohortes de suppôts. S’élève parallèlement, un filet de voix nées de la Sainte colère, qui fait écho aux arènes ensanglantées, le souffle d’une hache qui tournoie, le sifflement d’un couperet qui tombe. Parce que le mensonge s’est répandu partout, un mensonge qui insulte Dieu Lui-même. Un mensonge qui blesse ? comme un poignard et dont les blessures identifient immanquablement les amis de Dieu. L’aboutissement final de ces faussetés tient en trois petits mots : Fatima, c’est terminé !

L’objectif d’un mensonge est de cacher la vérité. Le résultat d’un mensonge est de blesser ceux qui cherchent la Vérité, de monter à l’assaut de ceux qui défendent la Vérité  ou de discréditer ceux qui diffusent  la Vérité.

Nos vies toutes entières se sont construites à partir des Vérités de la Foi enseignées sur les genoux de nos mères, Vérités reçues dès notre enfance au pied du lit, inculquées par la tradition familiale. C’est sur ces fondements que reposent notre passé, notre présent et notre futur.

Or, aujourd’hui, tant dans l’Eglise qu’à la tête des Etats, se trouvent des individus dont le seul et unique but est de conspirer afin de répandre le mensonge en jetant le discrédit sur ceux qui défendent la Vérité. Dans leur sillage, beaucoup de cœurs blessés hurlent contre le Ciel.

Notre héritage Sacré lui-même devient suspect.

Nous a-t-on menti aussi sur les genoux de nos mères ? Dans notre enfance ? L’Eglise n’est elle plus Notre Mère ? Nous a-t-elle trompés ?

La plupart titubent sous le poids de leurs doutes. Certains s’effondrent. Certains commencent à ne plus croire en Dieu même.

Ceux qui ne trébuchent pas ou ne tombent pas sous les coups du mensonge, redeviennent le sel de la terre grâce au secret des Saints : le Ciel ne saurait mentir !

Quant au Secret de Fatima, il semble que Lucifer lui-même prenne les choses en mains pour attaquer les défenseurs de Fatima.

Au premier rang de la bataille, brandissant continuellement la bannière de Fatima face aux ennemis de Dieu, la Croisade Internationale du Rosaire de Fatima refuse de reculer, de se retirer ou de se rendre.

Ceux qui, dans le passé, ont essayé de niveler cet Apostolat, savent qu’il restera un formidable adversaire du mensonge aussi longtemps que le Père Nicolas Gruner, son fondateur et directeur, sera à sa tête.

Leur tâche est donc de détruire le Père Nicolas Gruner.

Pour y parvenir, cela impose de faire taire un homme dont l’insistance à demander le parfait accomplissement par le Pape et les Evêques du monde des demandes de Notre Dame de Fatima, a fait de lui, on peut le dire, le prêtre le plus controversé de l’Eglise aujourd’hui.

Qui est-ce ? Qu’est-il ?

Pourquoi son anéantissement est-il aussi crucial pour les ennemis de Fatima ? Pourquoi dépensent-ils autant de temps, d’argent et d’énergie pour l’éliminer de la scène ?

Il faut observer son histoire personnelle pour découvrir la réponse…


AVANT PROPOS

Par Malachi Martin

Quand l’Histoire du XXème siècle aura été écrite, il deviendra évident que le centre du drame fondamental de ce siècle et la clé de sa compréhension, qu’il s’agisse de l’avenir des nations ou du salut de l’humanité, est un évènement intervenu lors des 20 premières années du siècle mais demeure largement inconnu de la grande majorité des êtres humains.

Cet évènement fut volontairement caché par nombre de ceux dont la mission confiée par Dieu était justement d’annoncer l’avènement du Règne Public de Marie dans l’Histoire des nations.

Cet évènement clé fut le Miracle du soleil le 13 Octobre 1917 à Fatima au Portugal.

Nombre de bonnes et saintes personnes ont vu leurs existences fortement bouleversées par le Miracle de Fatima, chacun cherchant à faire connaître les Gloires dont Dieu veut entourer le nom de Marie urbi et orbi. A notre connaissance, personne n’a joué un rôle plus vital que le Père Nicolas Gruner pour révéler la volonté de Dieu sur les derniers jours de la race humaine.

Durant le dernier tiers de ce siècle, tout a été fait et de façon concertée pour non seulement « tordre » la signification de cet évènement clé de 1917 mais pour rendre nulles les divines révélations dont dépendent la survie de millions d’êtres humains et le salut éternel d’encore plus d’âmes.

La seule personne actuellement encore en vie choisie par la Vierge comme témoin central du Miracle et l’interprète de sa signification, Sœur Lucie âgée de 91 ans à ce jour, a été isolée, calomniée, ses paroles ont été déformées ; de fausses lettres ont été rédigées en son nom ; et nous suspectons qu’en au moins une occasion, une fausse sœur Lucie a remplacée la vraie.

Face à un tel manque de respect pour la Reine des Cieux et un tel mépris de sa mission, le Père Gruner a été son défenseur le plus remarquable. Il a toujours rappelé à tout le monde, à temps et à contretemps, au Pape, aux Cardinaux, Evêques, prêtres, simples fidèles – que l’Eglise représentée par le Pape et les Evêques n’avait pas obéi aux ordres de Notre Dame ; que les autorités de l’Eglise n’avaient pas consacré la Russie à son Cœur Immaculé. De là, cette agonie de l’Eglise ! Le Père Gruner, apôtre de Fatima ne permettra à aucun de nous d’oublier ce qui n’a pas été fait en 1960 : réaliser la Consécration de la Russie et révéler les tous prochains châtiments que Dieu va déchaîner sur l’humanité pécheresse et sur les Chrétiens tièdes.

Le Père Gruner a rencontré l’ostracisme des ecclésiastiques et la persécution par des calomnies et des diffamations et jusqu’à l’agression physique.

Aucun pouvoir au monde n’a eu raison de sa vocation de premier chantre de Fatima.

Ce livre est une chronique d’une partie de l’histoire du Père Gruner. Il devrait être lu par tout Evêque ou prêtre.


WINDSWEPT HOUSE (A novel Vatican)

La Maison emportée par les Vents

Roman du Père Malachi Martin

Publié aux Editions Broadway 1996

Traduction libre en français à des fins d’usage exclusivement privé

L’intronisation de l’Ange déchu Lucifer dans la Citadelle Catholique de Rome le 29 Juin 1963,

tiré de l’ouvrage du Père Malachi Martin

1957

Des diplomates aguerris  à l’école de temps difficiles  dans les arcanes les plus complexes de la finance, du commerce et de la compétition internationale, ne sont guère sujet aux heureux présages.

Cependant, aujourd’hui l’entreprise était porteuse de tant de promesses  en ce 25 Mars 1957, que les six ministres des affaires étrangères en réunion à Rome, sentaient que tout ce qui les entourait -  la position centrale, solide comme un roc, de la première cité d’Europe, les vents purificateurs, les cieux ouverts, le sourire bienveillant du climat de ce jour – étaient une bénédiction dont les couvrait la fortune au moment même où ils posaient la pierre fondatrice d’un nouvel édifice des nations.

En tant que parties prenantes à cette nouvelle Europe qui devait balayer les nationalismes querelleurs qui avaient si souvent écartelé cet ancien delta, ces six hommes et leurs gouvernements étaient fondamentalement convaincus d’ouvrir à leurs pays de vastes horizons économiques et un ciel politique agrandi comme jamais vu de tous temps. Ils allaient signer les traités de Rome. Ils allaient créer la Communauté Eco nomique Européenne.

Encore tout récemment, leurs capitales n’avaient connu que mort et destruction. Juste un an auparavant, les Soviets avaient montré leur détermination en noyant dans le sang la tentative de révolte de la Hongrie. A tout instant, les armées soviétiques pouvaient envahir l’Europe. Les USA et leur Plan Marshall ne porteraient pas davantage les fardeaux liés à la construction de la nouvelle Europe.

D’autant plus qu’aucun gouvernement européen ne souhaitait se trouver à la remorque des USA ou de l’URSS engagés dans une rivalité qui ne pouvaient que s’approfondir dans les décennies à venir.

Comme un seul homme déjà, les six ministres apposèrent leurs signatures en tant que membres fondateurs de la CEE. Les trois représentants des nations du BENELUX parce que la Belgique, la Hollande et le Luxembourg furent le creuset où le concept de la Nouvelle Europe avait été expérimenté jugé réalisable. Tout au moins suffisamment. Le ministre représentant la France, parce que son pays serait le cœur battant de la nouvelle Europe, comme par le passé il l’avait été de l’ancienne Europe.

L’Italie, car ce pays était l’esprit vivant de l’Europe. L’Allemagne de l’Ouest, parce plus jamais  le monde ne la mettrait à nouveau de côté.

La Communauté Européenne était née. On porta des toasts aux visionnaires géopolitiques à l’origine de ce jour mémorable. A Robert Schuman et Jean Monnet en France, à Konrad Adenauer en Allemagne de l’Ouest ; à Paul-Henri Spaak en Belgique et tous se congratulèrent. Bientôt le Danemark, l’Irlande et l’Angleterre prendraient conscience de la sagesse de cette entreprise. Et quoique aide et patience fussent nécessaires, des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne pourraient bien la rejoindre également. Bien sûr, il faudrait tenir en respect les soviets en la matière. Il faudrait également trouver un nouveau centre de gravité. Mais pas de doute : la CEE naissante serait le fer de lance de la nouvelle Europe à venir si l’Europe parvenait à survivre.

Quand tout fut signé, scellé et bien arrosé, ce fut l’heure de l’audience avec le Pape octogénaire Pie XII dans son Palais Apostolique sur la colline du Vatican : un privilège rituel typiquement romain réservé aux diplomates.

Assis sur son trône papal avec toute la pompe du cérémonial du Vatican dans un salon ornementé, Sa Sainteté Pie XII reçu les six ministres et leurs accompagnants avec une expression souriante. Son accueil était sincère. Ses remarques furent incisives. Son attitude était celle d’un propriétaire depuis longtemps dans son vaste domaine donnant des indications aux nouveaux arrivés et aux futurs résidents.

L’Europe, rappela Sa Sainteté, avait eu ses heures de gloire aux époques où une Foi commune animait les cœurs de ses peuples. L’Europe, insista t il, pouvait retrouver sa grandeur géopolitique, renouvelée dans tout son lustre, si seulement elle pouvait retrouver un nouveau cœur. L’Europe, en intima t il l’ordre, pouvait sceller une alliance de foi commune et surnaturelle.

Intérieurement, les ministres firent la grimace. Pie XII avait soulevé la difficulté majeure à laquelle était confrontée la CEE le jour même de sa naissance ! Derrière ses mots, se trouvait l’avertissement clair que ni le socialisme démocratique ni la démocratie capitaliste et pas davantage les propositions de vie confortable ou d’une « Europe » mystique des humanistes ne pouvaient être le moteur d’un tel rêve.

Clairement, leur nouvelle Europe manquait d’un centre rayonnant, d’une force supérieure ou d’un principe fondateur pour la rassembler et la faire progresser. Pratiquement, leur Europe manquait de ce que Pie XII possédait. Manquait de ce qu’il était de ce que lui,  représentait !

Ceci posé, le Saint Père traça trois croix dans les airs, la bénédiction papale traditionnelle. Peu se mirent à genoux pour la recevoir. Ceux qui étaient restés debout s’inclinèrent. Mais il était maintenant très clair pour eux qu’il était parfaitement impossible d’associer le Pape revêtu de l’oint rédempteur de Dieu lui même qu’il revendiquait en tant que son Vicaire, ou simplement de reconnaître que cet oint était le seul facteur réel de cohésion qui pouvait guérir les âmes du monde entier : ils ne pouvaient pas davantage reconnaître qu’aucun traité économique et politique quel qu’il soit ne pouvait se targuer d’être jamais le lien qui pouvait unir fermement les cœurs et les esprits de toute l’humanité.

Et même là, tout frêle comme l’était le Pape, ils ne pouvaient qu’envier cet isolement, de dignitaire sur son trône. Comme le fit remarquer ultérieurement le belge Paul-Henri Spaak, le Pape présidait une organisation universelle. Et, de surcroît, il était bien plus qu’un simple représentant élu de cette organisation. Il possédait un réel pouvoir. Il était à lui-même son propre centre de gravité.

Par la fenêtre de son bureau au 3ème étage du Palais Apostolique, le Saint Père regarda monter dans leurs limousines les architectes de la nouvelle Europe garées dans la cour ;

«  Qu’en pense votre Sainteté ? Leur nouvelle Europe peut elle devenir suffisamment forte pour stopper Moscou ? »

Pie XII se tourna vers son interlocuteur – un jésuite allemand, ami de longue date et son confesseur (le Cardinal BEA). « Le Marxisme demeure l’Ennemi, Père. Mais, ce sont les anglo saxons qui ont l’initiative. » Dans la bouche du Pape, anglo-saxons signifie l’establishment anglo-américain. «  Leur Europe ira vite et loin. Mais l’aube des jours de grandeur ne se lève pas encore là, sur l’Europe. »

Le Jésuite n’entendait pas la vision du Pape. « Quelle Europe, votre Sainteté ? Les jours de grandeur de quelle Europe ? »

« De l’Europe née aujourd’hui. » La réponse du Pape fut tranchante sans aucune hésitation. «  Le jour où le Saint Siège serait à la remorque de la nouvelle Europe des diplomates et des politiciens – à l’Europe centrée sur Bruxelles et Paris – ce  jour là, les infortunes fondraient pour de bon sur l’Eglise. » Puis, se tournant pour jeter un regard vers les limousines quittant le Square Saint Pierre, « la nouvelle Europe verra ce petit jour, Père. Mais juste un jour. »

QUELQUES DATES EN RAPPORT AVEC LE TROISIEME SECRET DE FATIMA

Lucie écrit le texte du Troisième secret le 9 Janvier 1944 après une apparition très peu connue de la Très Sainte Vierge le 2 Janvier, qui lui donne la force de le rédiger après trois mois de souffrances intenses pour y parvenir et malgré l’ordre écrit de l’Evêque de Leira Fatima, Mgr Da Silva qui craignait la mort de la voyante et la disparition de son secret. 

Le 17 juin 1944 le secret est confié à Mgr Ferreira, Evêque de Gurza sous forme d’une enveloppe cachetée de cire remise le soir même à Mgr Da Silva qui tente de l’envoyer au Saint Office qui le refuse (Mgr OTTAVIANI était Préfet du Saint Office à cette époque) ?

Mgr Da Silva va rester dépositaire du Secret jusqu’au 15 Avril 1957 (donc quelques jours après le 25 Mars 1957, l’acte fondateur de la CEE) et le place dans une seconde enveloppe également cachetée le 8 Décembre 1945.

C’est Mi-Mars que Mgr Da Silva charge Mgr Venancio de transmettre le document à Mgr Cento, nonce apostolique à Lisbonne.

Mgr Venancio demandera à Mgr Da Silva de faire une photocopie sans succès, de le lire sans succès également, il ne pourra que constater en transparence la taille de la feuille de papier soit environ 25 lignes !

Les témoignages concordants de Mgr Capovilla, Secrétaire de Jean XXIII et du Cardinal Ottaviani affirment que l’enveloppe était toujours scellée quant Jean XXIII l’ouvrit un an après la mort de Pie XII en 1959.

L’on comprends alors les paroles si graves que sœur Lucie adressa le 26 Décembre 1957 au Père Fuentes : « La Très Sainte Vierge est bien triste, car personne ne fait cas de son message..

Seuls le Saint Père et Mgr l’Evêque de Fatima pourraient le savoir, de par la volonté de la Très Sainte Vierge, mais ils ne l’ont pas voulu pour ne pas être influencés ! »

Le 13 Septembre 1959, suite à l’immense dévotion mondiale suscitée par la Vierge Pèlerine et au miracle des colombes, les Evêques italiens consacrent leur pays au Cœur Immaculé de Marie, malheureusement ce grand mouvement de piété ne rencontra qu’hostilité et indifférence de la part de Jean XXIII !

NB : textes tirés de l’opuscule : « Le troisième Secret de Fatima » par Frère Michel de la Sainte Trinité (Conférence du 24 Novembre 1985 donnée à l’Augustianum de Rome lors d’un symmosium organisée par La Croisade Internationale du Rosaire de Fatima

Editions Kolbe Inc. Québec  Canada 4ème trimestre 1987

1960

Aucune entreprise n’avait soulevé de tels espoirs, aucun ouvrage de cette ampleur n’avait jamais été réalisé de tout temps au Vatican, que celui figurant sur la proclamation publiée dans le document papal en ce matin de Février 1960.

Dés les premiers jours de son élection à la Papauté voila juste un an, Sa Sainteté Jean XXIII – « le bon Pape Jean », comme on l’avait très vite surnommé – avait lancé le Saint Siège, la Papauté et le monde entier tant diplomatique que religieux sur une toute nouvelle orbite.

Il semblait vouloir lever la terre entière.

Déjà âgé de 70 ans à son élection, ce rondouillard paysan d’homme avait été choisi pour être un Pape d’intérim, un compromis inoffensif dont le règne bref permettrait d’acter un peu de temps – 4 à 5 ans de prévu - afin de choisir le successeur qui dirigerait l’Eglise en ces temps de guerre froide. Cependant, dés les premiers mois de son intronisation et à l’étonnement général, il avait ouvert son pontificat par le lancement surprise d’un Concile Œcuménique. En fait presque tout le personnel du Vatican – y compris le personnel « Conseil » convoqués à cette réunion confidentielle dans les appartements du Pape au 4ème étage du Palais Apostolique – chacun était déjà « à fond » sur les préparatifs de ce Concile.

D’une façon très directe qui n’appartenait qu’à lui, le Pape dispensait régulièrement son avis à l’équipe qu’il avait mise en place sur le sujet – une douzaine de ses cardinaux « clés » avec nombre d’évêques et de monsignori de la Secrétairerie d’Etat.

Deux traducteurs experts portugais étaient également présents.

« Nous avons un choix à faire, » confia Sa Sainteté à ces conseillers.

« Que nous ne préférons pas faire seul. »

Il s’agit de l’affaire de cette fameuse lettre connue du monde entier reçue par mon prédécesseur sur le trône de Pierre.

L’histoire qui l’entoure est si connue que je ne la brosserai qu’à grands traits ce matin.

Fatima, l’un des villages les plus obscurs du Portugal, est devenu soudainement extrêmement connu en 1917 lorsqu’à cet endroit trois petits enfants de paysans – deux filles et un garçon – ont reçu six visites, ou des visions, de la Sainte Vierge Marie. Comme des millions de catholiques, chacun dans cette pièce aujourd’hui sait que trois secrets avaient été donnés par la Vierge. Tout le monde est au courant que, comme l’avaient prédit leurs envoyés du Ciel, deux de ces enfants sont morts dans leur enfance ; seule la plus âgée, Lucie a survécu. Il est également connu de tous que Lucie, actuellement moniale cloîtrée, a révélé depuis longtemps les deux premiers secrets de Fatima.

Mais c’était le vœu de la Vierge elle-même, a dit Lucie, que le troisième secret soit publié par « le Pape régnant en 1960 » ; et simultanément, ce même Pape devait organiser une consécration dans le monde entier de la « Russie » à la Vierge Marie. Cette Consécration devait être réalisée par tous les Evêques du monde et le même jour, chacun dans son diocèse et chacun avec les mêmes mots. Cette Consécration serait équivalente à une condamnation publique et mondiale de l’Union Soviétique.

La Vierge a promis que si la consécration était faite, Lucie l’a bien dit, la « Russie » serait convertie et cesserait d’être une menace. Cependant, si ce souhait n’était pas accompli « par le Pape régnant en 1960 », ensuite la Russie répandrait ses erreurs dans toutes les nations, qu’il y aurait beaucoup de souffrance et de destruction et que la Foi de l’Eglise serait si corrompue que seul au Portugal « le dogme de la Foi » serait conservé intact.

Lors de sa troisième visite en Juillet 1917, la Vierge avait promis de donner un signe indubitable de l’authenticité de ses messages comme venant de Dieu lui-même.

Elle ferait un miracle à l’heure de Midi le 13 Octobre suivant.

Et ce jour là à cette heure là précisément, devant 75 000 personnes venues à cet effet, certaines de très loin, avec des journalistes, des photographes, des scientifiques, des sceptiques et beaucoup de clercs crédibles – les enfants ont été témoins d’un miracle ahurissant.

Le soleil a renversé toutes les lois possibles de la nature. Emergent brutalement derrière une pluie violente et continue qui avait détrempé tant le sol devenu un marécage de boue que les vêtements de tous, il se mit littéralement à danser dans le Ciel, donnant le spectacle d’un déluge multicolore de couleurs brillantes. Il se mit à chuter au point qu’il sembla certain qu’il allait plonger sur la foule.

Puis, soudainement, il revint à sa place dans le ciel dardant ses rayons cléments comme toujours. Tout était parfaitement sec. Les vêtements étaient aussi propres que s’ils venaient d’être fraîchement lavés et repassés. Aucun mal pour personne, tous avaient vu le soleil danser ; mais, seuls les enfants avaient vu la Vierge.

« Sûrement » - le bon Pape Jean sortit une enveloppe d’une boite de la taille d’une cave à cigares posée sur la table près de lui – « la première chose à faire ce matin me parait évidente. » L’excitation s’empara des assistants. Ils étaient là, pour une lecture privée de la lettre du secret de Lucie. Il n’est pas exagéré de dire que des dizaines de millions de gens partout dans le monde attendaient la parole du « Pape de 1960 » celui qui devait révéler les parties du troisième secret qui avaient été si bien cachées jusque là, obéissant ainsi aux demandes de la Vierge. Cette pensée en tête, sa Sainteté souligna quelle était sa signification exacte et littérale du mot « privé ». Certain que cette admonestation de garder le secret sur tout ceci était suffisamment clair, le Saint Père tendit la lettre de Fatima aux deux traducteurs portugais, et eux, à leur tour, lurent le texte du secret, viva voce, en italien.

« Maintenant. » La lecture achevée, le Pape fit rapidement le point sur le choix qu’il préférait ne pas faire seul. « Nous devons vous confier que depuis Août 1959, nous avons mené des négociations délicates avec l’Union Soviétique. Notre but est d’avoir au moins deux prélats de l’Eglise Orthodoxes d’URSS présents à notre Concile. » Le Pape Jean utilisait fréquemment, pour le second Concile du Vatican à venir, l’expression « Notre Concile. »

« Que devait-il donc faire désormais ? C’est ce que demandait Sa Sainteté ce matin là. La Providence avait voulu qu’il soit « le Pape régnant en1960 ». Et maintenant, s’il obéissait à ce que Sœur Lucie décrivait clairement comme une demande expresse de Notre Mère des Cieux – Si lui et ses Evêques déclaraient publiquement, officiellement et universellement que la Russie était remplie d’erreurs funestes – c’était la ruine de son initiative soviétique.

Mais cela mis à part - et mis à part son souhait fervent de disposer de représentants de l’Eglise Orthodoxe au Concile – Si le Pontife usait complètement de l’autorité de sa papauté et de sa hiérarchie pour porter partout le message de la Vierge, ce serait dénoncer l’Union Soviétique et son dictateur actuel, Nikita Krushchev, comme criminel. Dans leur rage, les soviétiques ne se vengeraient ils pas ? Le Pape ne serait il pas responsable d’une nouvelle vague de persécutions – de la mort horrible de millions de personnes – tant en Union Soviétique, que chez ses satellites et ses dépendances ?

Pour souligner son inquiétude, Sa Sainteté fit relire une partie du secret de la lettre de Fatima. Il vit la compréhension – le choc, dans certains cas – sur tous les visages autour de lui. Si quelqu’un dans cette pièce avait eu connaissance si aisément de ce passage clé du troisième secret, se disaient ils intérieurement, les soviets ne les prendraient ils pas de vitesse ? N’utiliseraient ils pas cette information stratégique pour prendre un avantage indubitable sur le monde libre ?

« Nous pouvons toujours tenir Notre Concile, mais… » Pas besoin pour Sa Sainteté de terminer sa pensée. Tout était clair maintenant. Publier le secret provoquerait des répercussions incalculables partout. Les gouvernements amis seraient gravement perturbés. Les Soviets seraient aliénés d’un côté et stratégiquement aidés de l’autre. Le choix que le bon Pape Jean devait faire était de se rendre à l’essentiel, aux problèmes géopolitiques.

Personne ne doutait de la bonne foi de Sœur Lucie. Mais plusieurs conseillers faisaient remarquer qu’il y avait maintenant presque 20 ans entre l’année 1917 quand elle avait entendu les mots de la Vierge et le milieu des années trente quand elle avait rédigé sa lettre. De quelle garantie disposait le Saint Père que le temps n’avait pas effacé son souvenir ? Et quelle était la garantie que trois petits paysans - dont aucun n’avaient plus de 12 ans – avaient correctement transmis un message aussi complexe ? Ne s’agissait il pas de quelque imagination prolixe d’enfants ? En vérité n’y avait pas quelque chose de plus dangereux encore pour la vérité ? Les troupes de l’Union Soviétique étaient intervenues dans la guerre civile espagnole qui faisait rage à quelques miles de là à l’époque où Lucie rédigea sa lettre. Les mots de Lucie auraient il pu être influencés par sa propre peur des Soviets ?

Une seule voix se leva contre le consensus qui venait de se former.

Un cardinal – un jésuite allemand, ami et confesseur du Pape actuel (on reconnaît ici le cardinal BEA dont l’auteur a été le secrétaire personnel de 1958 à 1964), comme il l’avait été du Pape précédent – ne pouvait demeurer silencieux devant un tel mépris du rôle de la divine intervention. C’était une chose pour des ministres de gouvernements séculiers d’abandonner les pratiques de la Foi. Mais en aucun cas une telle désinvolture ne devait être acceptée surtout de la part d’hommes d’Eglise et conseillers du Saint Père.

« Le choix à faire ici », argumenta le Jésuite, « est simple de prime abord. Soit nous acceptons cette lettre, faisons ce qui est demandé, et ensuite seulement, en attendons les conséquences. Ou alors, honnêtement, nous n’y croyons pas. Nous l’oublions totalement. Nous supprimons la lettre considérée comme une relique historique, nous prenons les responsabilités de ce que nous faisons, par une décision délibérée et nous nous coupons d’une protection spéciale. Mais quoiqu’il en soit, que chacun de nous prenne conscience que nous parlons là du destin de toute l’humanité.

Malgré toute la confiance que Sa Sainteté plaçait dans l’expertise et la loyauté du Jésuite Cardinal, la décision fut contre Fatima. « Questo non è per i nostri tempi » dit le Saint Père. “Ce n’est pas pour notre époque”. Peu de temps après, le Cardinal lu attentivement la brève publication distribuée aux médias par le bureau de presse du Vatican. Ces mots demeureraient pour toujours dans son esprit comme un refus sec d’obéir à la volonté de Dieu.

Pour le bien de l’Eglise et le bien de l’humanité, déclarait le communiqué, le Saint Siège avait décidé de ne pas publier le texte du troisième secret actuellement.»…

Les décisions du Vatican sont fondées sur diverses raisons :

(1) Sœur Lucie est toujours en vie.

(2) Le Vatican connaît déjà le contenu de la lettre.

(3) Bien que l’Eglise reconnaisse les apparitions de Fatima, Elle ne s’engage pas Elle-même à garantir la véracité des paroles que les trois petits bergers précisent avoir entendu de la Dame.

En de telles circonstances, il est plus que probable que le secret de Fatima restera pour toujours sous scellés.

« Ci vedremo. » Le Cardinal mit le Communiqué de côté. « On verra bien ».

Il connaissait l’histoire. Le Saint Siège voulait parlementer amicalement avec Nikita Krushchev. Le Pontife voulait son Concile. Le Concile aurait des prélats orthodoxes d’Union Soviétique.

Mais la question qui demeurait en suspens était la suivante : est ce que Sa Sainteté, son Vatican et son Eglise subiraient dés à présent les conséquences promises à Fatima ?

Ou pour mieux cadrer les choses en termes géopolitiques, la question était la suivante : le Saint Siège s’était-il mis d’ores et déjà à la remorque de « la nouvelle Europe de ses diplomates et de ses politiciens, » comme le prédécesseur du bon Pape l’avait prédit. « Ce jour là, » avait dit le vieil homme frêle, « les infortunes fondront pour de bon sur l’Eglise »

« Nous verrons. » Pour l’instant, il fallait attendre. D’une façon ou d’une autre, ce serait une question de temps.

Quelques dates en rapport avec le Troisième Secret de Fatima

Jean XXIII lit le secret et refuse de le divulguer. Nous savons que le Pape se fit apporter l’enveloppe du troisième Secret à Castelgandolfo, le 17 août 1959, par Mgr Philippe, alors Commissaire au Saint Office. Remarquons que cette transmission du Secret au Souverain Pontife revêtait ainsi un caractère officiel et s’entourait d’une certaine solennité, témoignant du prestige que conservait Fatima à cette époque. Jean XXIII n’ouvrit pas aussitôt l’enveloppe. Il se contenta de déclarer : « je me réserve de le lire avec mon confesseur. » La lecture du Secret fut faite quelques jours plus tard, précise Mgr Capovilla.

Mais à cause de la difficulté soulevée par des locutions propres à la langue, on demanda l’aide du traducteur portugais de la secrétairerie d’Etat, Mgr Paulo José Tavares, devenu ensuite évêque de Macao. Plus tard, Jean XXIII le fit lire au Cardinal Ottaviani.

Le 8 Février 1960, on apprit soudain, par un simple communiqué de l’agence de presse portugaise A.N.I que le troisième Secret de Fatima ne serait pas publié.

« Bien que l’Eglise reconnaisse les apparitions de Fatima, elle ne désire pas prendre la responsabilité de garantir la véracité des paroles que les trois pastoureaux dirent que la Vierge Marie leur avait adressées ».

Ainsi le Vatican, non seulement reprenait à son compte la position insoutenable du P. Dhanis, mais il allait plus loin encore. Il jetait publiquement sans aucune raison valable, la plus infamante suspicion sur la crédibilité du témoignage de sœur Lucie et sur l’ensemble du message de Fatima !

Selon Mgr Capovilla, Jean XXIII aurait demandé conseil à plusieurs prélats de la Curie.

Mais ce qui est sûr, c’est que les autorités portugaises responsables furent odieusement méprisées. Le 24 Février 1960, le Cardinal Cerejeira déclara à la presse : « j’affirme catégoriquement que je n’ai pas été consulté. »

Mgr Venancio tenta l’impossible en décidant, de sa propre initiative et sans demander l’autorisation du Saint Siège, de lancer un appel à tous les évêques du monde pour organiser le 13 Octobre suivant une journée mondiale de prière et de pénitence (lettre du 17 Mai 1960). Mais le Vatican fi la sourde oreille. Et rien ne fut fait.

1960, fut vraiment une année noire pour Fatima. On peut dire que ce fut à partir de cette date, après ce mépris public du « Secret de Marie », que la dévotion à la très Sainte Vierge commença à décroître de manière sensible, puis alarmante, au sein de l’Eglise.

Plus que jamais s’appliquait la parole de sœur Lucie : « La Très Sainte Vierge est bien triste, car personne ne fait cas de son message. »

 Et cette faute, il faut oser le dire, allait avoir des conséquences incalculables. Car en méprisant les prophéties et les demandes de Fatima, c’était la Vierge Marie, c’était Dieu même que l’on avait méprisés, que l’on avait bafoués à la face du monde.

Le châtiment conditionnel annoncé par l’avertissement maternel de Notre-Dame allait alors s’accomplir tragiquement, inéluctablement…

(Tiré de la Conférence du 24 Novembre 1985 du Frère Michel de la Sainte Trinité, page 18 à 21 – Editions Kolbe Inc. A Québec Canada 1987)

1963

L’Ange déchu Lucifer, fut intronisé à l’intérieur même de la Citadelle Catholique Romaine le 29 Juin 1963, une date qui convenait parfaitement à la promesse ancestrale. Bien connue des habitués de ces célébrations, la tradition satanique avait prédit depuis longtemps, le temps qui marquerait l’avènement du Prince de ce monde : au moment où un Pape prendrait le nom de l’Apôtre Paul. La condition – le signe de son temps était venu – 8 jours auparavant (le 21 Juin 1963) avec l’Election du dernier Pape en date dans la succession de Pierre.

Le Conclave papal venait tout juste de se terminer (compte tenu des nombreux préparatifs urgents pour qu’il fut prêt à bonne date) ; mais le tribunal suprême avait décidé qu’aucune date ne serait plus parfaite pour l’Intronisation du Prince des ténèbres, que le jour de la fête des deux Princes de la Citadelle, les Saints Pierre et Paul. Et qu’aucun lieu ne serait plus propice que la chapelle Saint Paul elle-même, située près du Palais Apostolique du Vatican.

La complexité des dispositions à prendre était dictée par la nature même du cérémonial de l’événement qui devait se dérouler là. La sécurité était si sévère dans le groupe de bâtiments du Vatican où se trouvait cette petite merveille de chapelle Saint Paul, qu’il était impossible de procéder au cérémonial dans toute sa pompe, sans échapper à cette surveillance.

Pour y parvenir – l’Avènement du Prince devant être accompli dans le temps prédit – tout le rituel de la Célébration du Sacrifice du Calvaire devait être intégralement inversé en une célébration étrangère et d’un sens complètement opposé.

Le sacré devait être profané. Le profane devait être adoré.

La représentation non sanglante du Sacrifice de l’Agneau Immolé sur la Croix devait être remplacée par la suprême et sanglante violation de la dignité de Celui qui n’a pas de Nom, Notre Seigneur Jésus Christ (ndlt). Le vice devait être érigé en vertu, en lieu et place de l’innocence. Infliger la souffrance devait être un bonheur. La grâce, le repentir, le pardon devaient être noyés dans une orgie abominable. Et tout devait être accompli sans aucune bavure. L’enchaînement des différentes parties de la cérémonie, la signification des paroles, le signifiant des gestes, tout devait contribuer au parfait accomplissement du sacrilège, à l’ultime rituel de la perfidie.

Toute cette délicate affaire fut placée dans les mains expérimentées du « Gardien » qui avait la confiance du Prince de ce monde, à Rome, un maître du Cérémonial élaboré de l’Eglise Romaine et qui en était issu (le Cardinal Noah Palombo, Président du Conseil International de la Liturgie Chrétienne, également en charge de la Congrégation de la Liturgie et des Cultes ndlt). La face de granit et la langue acérée de ce prélat correspondait d’ailleurs beaucoup mieux à son titre de Maître du cérémonial du Prince des Ténèbres et du Feu.

Le premier objectif de ce cérémonial, il le savait, était de vénérer « l’abomination de la désolation. »

Mais le but ultime devait être de s’opposer à l’Immolé, Notre Seigneur Jésus Christ (ndlt) dans sa propre forteresse ; d’occuper la Citadelle du crucifié le temps de l’avènement du Prince de ce monde dans cette même Citadelle ; ceci afin d’assurer à l’avènement du Prince des ténèbres une force irrésistible : supplanter le Pasteur de la Citadelle et lui subtiliser les Clés confiées par le Crucifié. (c’est bien du Pape qu’il s’agit).

Le « Gardien » régla rapidement les problèmes de sécurité. Des choses aussi peu visibles que le Pentagram, les cierges noirs et les draperies appropriées pouvaient passer pour des objets du Cérémonial liturgique romain. Mais d’autres rubriques comme la coupe d’os ou le vacarme rituel d’enfer, par exemple, les animaux offerts en sacrifice et la victime – ça, ne passerait pas !

Il fallait qu’il y ait une intronisation parallèle.

Une célébration conjointe devait être accomplie en même temps et avec les mêmes effets par des Frères dans une chapelle sœur, disposant de l’Autorisation, à l’unisson de la chapelle « cible » de Saint Paul du Vatican (c’est comme une dédicace d’église inversée avec une prise de possession de la Chapelle du Vatican par sa Chapelle sœur déjà autorisée située en Caroline du Sud aux Etats Unis).

En fournissant à tous les assistants, dans les deux chapelles, l’ensemble des éléments nécessaires à l’Intronisation, la chapelle romaine pourrait ainsi pleinement accomplir son cérémonial apostat.

Seule l’unanimité des cœurs, l’identité de l’intention et une parfaite synchronisation des paroles et des gestes tant des assistants que des célébrants dans les deux chapelles étaient requises. Les volontés fermes, les pensées concentrées des participants sur l’intention précise du Prince de ce monde transcenderaient toutes les distances.

Pour un homme d’expérience comme le « Gardien », le choix de la chapelle sœur fut un jeu d’enfant. Un simple coup de fil aux Etats-Unis ! Des années durant, les affidés du Prince des ténèbres à Rome avaient développé une union sans faille tant des cœurs que des esprits avec l’un de leurs amis « Gardien » lui aussi : Léo, Evêque de la chapelle de Caroline du Sud aux USA.

Léo n’était pas le véritable nom de cet homme, bien sûr : il en était sa description exacte.

Sa crinière de cheveux blancs argentés encadrant sa large tête ressemblait aux dires de tous, à celle d’un lion. Durant ces quelques quarante années depuis la fondation de sa chapelle, «Son Excellence » avait réussi à recruter des participants d’un bon niveau social : le blasphème méticuleux de ses « cérémonies » et son accord toujours prompt et fréquent pour rendre service à ceux qui partageaient son point de vue et ses buts ultimes, avaient bien établi la qualité de ses affaires. Si bien qu’il était très admiré parmi les initiés de la chapelle mère des Etats Unis.

La nouvelle que sa chapelle avait été sélectionnée comme chapelle sœur pour un événement aussi important que l’intronisation du Prince de ce monde au cœur de la Citadelle Cath olique Romaine elle-même, était suprêmement gratifiante pour Léo. De surcroît, tant la connaissance parfaite, qui était celle de Léo, du cérémonial, que son expérience, épargnait beaucoup de temps - et justement, le temps pressait !

Inutile, en effet, de scruter davantage son appréciation personnelle des principes d’opposition sur lesquels était fondé le culte de l’Archange déchu.

Impensable de douter de son désir d’accomplir la stratégie ultime de cette bataille qui devait être – la fin de l’Eglise Catholique Romaine en tant qu’institution dirigée par le Pape et telle qu’elle avait été fondée par Notre Seigneur Jésus Christ (ndlt).

Pas besoin non plus de lui expliquer que le but ultime n’était pas exactement de liquider l’Organisation Catholique Romaine. Léo comprenait combien c’eût été tant un manque d’intelligence qu’un gaspillage dommageable. Il y avait beaucoup mieux à faire en transformant cette organisation en quelque chose de réellement utile pour l’unifier et l’assimiler au grand ordre mondial des affaires humaines. Pour la réduire à un vaste humanisme et la limiter à des buts uniquement humains et naturels.

Sur la même longueur d’onde, ces deux experts, le « Gardien » et l’Evêque américain se limitèrent donc, dans leurs préparatifs des deux cérémonies jumelles, à l’examen des noms des participants et à l’inventaire des rubriques du rituel.

Les noms de la liste du « Gardien » – les participants de la chapelle romaine – étaient tous hommes de très haut vol. Hommes d’Eglise de haut rang et laïcs de haut niveau social et professionnel.

Tous authentiques serviteurs du Prince des ténèbres à l’intérieur même de la Citadelle Romaine.

Certains d’entre eux avaient été sélectionnés, cooptés, formés et promus dans la Phalange Romaine durant des décennies, tandis que d’autres représentaient les nouvelles générations destinées à promouvoir les œuvres du Prince dans les prochaines années. Tous étaient parfaitement conscients qu’il leur fallait passer inaperçus. Car la Règle stipule que : « la Garantie de notre avenir dépend de notre capacité à convaincre aujourd’hui que nous n’existons pas. »

La liste des participants de Léo - hommes et femmes qui avaient gagné leurs galons dans les arcanes gouvernementales, les entreprises ou l’économie sociale – était tout aussi impressionnante comme le Gardien s’y attendait. Mais la victime, indiquait son Excellence – un enfant – serait un plus dans le rituel de la violation de l’innocence.

Le contrôle de la liste des rubriques requises pour le cérémonial parallèle fut intégralement calé sur les éléments qui avaient été prévus à Rome.

La chapelle sœur de Léo devait posséder :

-         son lot de fioles contenant la Terre, l’Air, le Feu et l’Eau,

-         la coupe des os

-         les colonnes rouge et noir

-         le bouclier

-         les animaux, jusqu’en bas de la liste, tout devait être impeccablement vérifié et revérifié.

Synchroniser les cérémonies entre les deux chapelles était facile pour Léo.

Comme d’habitude, les fascicules imprimés, improprement surnommés missels seraient préparés à l’usage de chacun des participants dans chaque chapelle ; et comme à l’accoutumée, dans un latin parfait.

Une ligne téléphonique serait utilisée par un téléphoniste de cérémonie à chaque extrémité pour que les participants puissent tous être en parfaite harmonie avec les Frères célébrants.

Pendant cet évènement, les pulsations de tous les cœurs devaient être en parfait accord pour produire la haine, non l’amour. La récompense du mal infligé et la consommation (du sacrifice) serait parfaitement perpétrés sous la direction de Léo dans la chapelle sœur. L’Autorisation, les Instructions et la Marque (prestation du serment à Lucifer et signature par empreinte digitale de chaque assistant à cette intronisation dans la chapelle Saint Paul – ndlt) ainsi que les éléments spécifiques à cette Célébration Unique, seraient un honneur uniquement réservé au « Gardien » qui devait l’orchestrer à l’intérieur même du Vatican.

Si chacun appliquait très exactement le règlement de ce cérémonial, le Prince des ténèbres consommerait enfin sa plus ancienne revanche sur le Crucifié, l’Ennemi, plein de Miséricorde qui depuis tant de siècles était l’Agneau si doux, celui dont les lumières illuminaient la terre entière.

Léo pouvait imaginer le reste. 

L’événement de l’Intronisation allait jeter une couverture parfaite, opaque à souhait pour dissimuler la prise de possession par le Prince de ce monde de l’Eglise officielle dans la Citadelle Romaine. Intronisé dans l’obscurité, le Prince des ténèbres aurait ainsi toute latitude pour propager cette même obscurité comme jamais par le passé !

Ami et ennemi serait affectés à l’identique.

L’obscurcissement de la volonté deviendrait si profond que le but lui-même de l’Existence de la Citadelle romaine deviendrait obscur : l’adoration perpétuelle de Dieu dans le temps et l’éternité

A son heure, le Bouc (symbole et image du démon - ndlt) expulserait l’Agneau après avoir pris possession de sa Citadelle.

Le Prince des ténèbres entrerait en possession d’une maison – d’une maison qui n’était pas la sienne.

« Pensez-y, mon ami. » L’Evêque Léo anticipait déjà. « l’inaccomplissable sera accompli ». Ce sera le sommet de ma carrière. L’évènement Phare et Clé du XXème siècle ! »

Léo était loin d’avoir tort !

Il faisait nuit. Le « Gardien » et quelques acolytes travaillaient en silence pour tout mettre en ordre à temps dans la chapelle Saint Paul du Vatican. Un demi cercle de prie-dieu fut installé face à l’Autel. Sur l’Autel lui-même, cinq gracieux cierges noirs furent encastrés dans les candélabres. Un Pentagram en argent fut placé sur le Tabernacle et recouvert d’un voile rouge sang. Un trône, symbole du Prince régnant, fut placé sur la gauche de l’Autel. Les murs, avec leurs jolies fresques et peintures représentant la vie du Christ et des Apôtres, furent drapés de tentures noires soigneusement brodées d’or avec les symboles de l’histoire du Prince des ténèbres.

Comme l’heure approchait, les authentiques serviteurs du Prince de ce monde infiltrés dans la Citadelle Romaine, commencèrent à arriver. La Phalange romaine.

Parmi eux, des hommes parmi les plus illustres appartenant au Collegium, la hiérarchie et l’administration de l’Eglise Catholique Romaine.

Parmi eux, se trouvaient les plus anciens représentants de la Phalange tout aussi connus en tant que membres de la Hiérarchie Catholique Romaine.

Prenez ce Prussien justement qui approchait à grand pas de la porte.

Un tout premier spécimen de cette nouvelle race de laïcs telle qu’il n’y en eu jamais par le passé dans l’Eglise.

Pas encore la quarantaine, il était déjà un homme reconnu, spécialiste des affaires internationales complexes.

La lumière des cierges noirs se reflétait sur ses lunettes serties d’acier et sur son crâne chauve comme pour le distinguer.

Choisi comme Délégué et plénipotentiaire extraordinaire pour l’Intronisation, le prussien posa sur l’Autel une sacoche en cuir contenant les lettres d’Autorisation et les Instructions avant de rejoindre sa place dans le demi-cercle.

Quelques 30 minutes avant minuit, tous les prie-dieu étaient occupés par les recrues de choix du Prince de ce monde, une génération d’hommes plantée, nourrie et cultivée à l’intérieur même de l’antique Citadelle Romaine voila plus de 80 ans.

Bien que diminué en nombre pendant un temps certain, ce groupe avait subsisté dans une obscurité voulue qui le protégeait. Mais tel un venin à l’intérieur d’un corps, le poison continuait de se répandre insidieusement dans tous les services et rouages la Citadelle Romaine, répandant des symptômes étrangers dans le système sanguin de l’Eglise l’amenant progressivement à la mort.

Des symptômes multiples tels : cynisme et indifférence, malfaisances et négligences volontaires, (ceci jusqu’à des niveaux de responsabilité très élevés dans la hiérarchie) ; inattentions à la rigueur de la doctrine, négligences complices dans le jugement moral, perte coupable de fidélité dans l’observance sacrée, flou volontaire dans la mémoire essentielle des gestes et des paroles sacrés. Voila ce qui caractérisait cette génération.

Tels étaient les hommes réunis dans le Vatican pour l’Intronisation ; et telle était leur tradition, celle qu’ils véhiculaient dans toute l’administration ecclésiastique du monde entier dont le quartier général était la Citadelle du Vatican elle-même à Rome. Missels en main, les yeux fixés sur l’Autel et le Trône, les esprits et les volontés profondément concentrés, ils attendaient Minuit en silence, la fête des Saints Apôtres Pierre et Paul, le saint jour fondateur de Rome.

La chapelle sœur – un large hall d’assemblée dans la salle basse d’une école de paroisse – avait été meublée dans la stricte observance des Règles (des rituels lucifériens ndlt).

L’Evêque Léo dirigeait personnellement les choses. Ses acolytes spécialement sélectionnés pour l’occasion s’affairaient calmement pour mettre au point les derniers détails avant de tout bien vérifier.

D’abord l’Autel, placé dans la partie nord de la chapelle. A plat sur l’Autel un grand crucifix, la tête dirigée vers le nord. Tout près, le Pentagram voilé de rouge flanqué des deux bougies noires. Au dessus, une lampe rouge de sanctuaire avec la flamme rituelle. Posée sur l’une des extrémités de l’Autel une cage ; et dans la cage, Flinnie, un petit chien de sept semaines, à demi drogué, pour le bref instant où il serait utilisé pour le service du Prince de ce monde. Derrière l’Autel, des chandeliers d’ébène attendaient le feu de la flamme rituelle.

En se tournant vers le mur Sud, sur une crédence, l’encensoir et la réserve des morceaux de charbon et d’encens. Devant la crédence, les colonnes rouge et noire desquelles pendaient le bouclier du serpent et la cloche de l’infini.

En se tournant vers le mur Est, les fioles contenant la Terre, l’Air, le Feu et l’Eau entourant une seconde cage. Dans la cage, une colombe, inconsciente de son destin de parodie non seulement de l’Agneau Immolé mais aussi de la Sainte Trinité.

Le lutrin et le livre étaient prêts, du côté du mur ouest. Le demi-cercle des prie-dieu faisaient face au nord devant l’Autel. Flanquant les prie-dieu, les emblèmes de l’Initiation : la coupe d’os sur le côté ouest proche de la porte ; vers l’Est, le croissant de lune et l’étoile à cinq branches, les cornes de bouc surplombant le tout.

Sur chaque chaise, un exemplaire du missel destiné à chaque participant.

Léo, jeta un coup d’œil vers l’entrée de la chapelle. Il vérifia l’heure à la grande pendule pendue au mur et à sa montre juste au moment où entraient les premiers participants. Satisfait de ces préparatifs, il les conduisit vers le vestiaire voisin. L’Archiprêtre et le Frère Medico avaient dû préparer la victime, maintenant.

Dans moins de trente minutes, le téléphoniste de la cérémonie appellerait sur la ligne téléphonique de la chapelle du Vatican. Ce serait l’heure.

Les places étaient différentes dans les deux chapelles pour les participants.

Ceux de la chapelle Saint Paul du Vatican, tous des hommes, portaient des soutanes liées à leur rang ecclésiastique ou à défaut, des costumes noirs. Concentrés et fixés sur leur but, leurs yeux passaient de l’Autel au trône, ils ressemblaient au pieux clergé romain et à des fidèles comme tout le monde le croyait.

Aussi reconnaissables par leur rang, que ceux de la Phalange Romaine, les participants américains de la chapelle sœur de Caroline du Sud ne laissaient pas cependant de présenter un contraste frappant avec leurs séides du Vatican.

Des hommes et des femmes entraient là.

Et loin de s’asseoir ou de s’agenouiller, chacun quittait ses vêtements et endossait le simple vêtement sans couture prescrit pour l’Intronisation – rouge sang pour le sacrifice descendant jusqu’aux genoux et sans manche, en forme de V ouvert devant. Tout se passa en silence sans précipitation ou excitation. Juste avec une concentration et un calme rituel.

Une fois vêtus, les participants passaient près de la coupe d’os et plongeaient la main dedans pour récupérer de petits os et prendre leur place dans le demi-cercle en face de l’Autel. Quand la coupe d’os fut à moitié vide et les places entièrement remplies, le vacarme rituel commença, brisant le silence.

Sans cesser de faire cliqueter les os, chaque participant commença à parler – à lui-même, aux autres, au Prince des démons, à personne. Pas d’une voix rauque au début, mais selon une cadence rituelle troublante.

D’autres participants arrivèrent qui prirent également des os. Le demi-cercle débordait. La cadence des marmonnements enfla en un sussurro cacophonique.

Le charabia de prières, de supplications et de cliquettements d’os montait progressivement développant une sorte d’ardeur contrôlée. Le son devint furieux, puis presque violent. Un concert contrôlé du chaos. Un hurlement de haine et de révolte qui captivait l’esprit. Un prélude centré sur la célébration de l’Intronisation du Prince de ce monde à l’intérieur de la Citadelle de l’Immolé.

Ces vêtements rouge sang flottant légèrement autour de lui, Léo surgit de la sacristie. Tout lui semblait parfaitement prêt. Déjà revêtu de son vêtement, son co-célébrant, l’Archiprêtre chauve à lunettes, avait allumé un seul cierge noir pour la Procession. Il avait rempli un large calice d’or de vin rouge couvert d’une patène en vermeil. Il avait placé une très grande hostie blanche de pain non levé au dessus de la patène.

Un troisième homme, le Frère Medico, était assis sur un banc. Vêtu comme les deux autres, il tenait sur les genoux une enfant. Sa propre fille, Agnès. Léo observa avec satisfaction qu’Agnès semblait calme et docile pour une fois. Cette fois-ci elle semblait prête pour l’occasion. Elle avait été habillée d’une ample robe blanche qui pendait sur ses hanches. Et, comme son petit chien sur l’Autel, elle avait été endormie pour le temps nécessaire à l’accomplissement des « mystères ».

« Agnès, » susurra Medico aux oreilles de son enfant. Il est bientôt temps de venir avec Papa. »

« Pas mon papa… » Malgré les sédatifs, la fillette ouvrit les yeux et fixa son père. Sa voix était faible mais audible. « Dieu est mon Papa… »

« BLASPHEME ! » Agnès ! Ces mots avaient transformé l’humeur de Léo exactement comme l’énergie électrique devient foudre et éclairs. « Blasphème ! » Le mot parti comme une balle de fusil. De fait, sa bouche était comme un canon crachant une bordée de reproches sur Medico. Quoique médecin, cet homme était un empoté ! L’enfant aurait dû être correctement préparée ! Il avait eu largement le temps pour ce faire !

Sous les foudres de Léo, Medico blêmit. Mais pas l’enfant. Elle se démenait pour tourner ses yeux inoubliables qui étaient les siens ; afin de croiser le regard furieux de Léo, elle se débattait pour redire tout son défi. « Dieu est mon papa… ! »

Tremblant d’anxiété, le Frère Medico, prit la tête de sa fille dans ses mains et l’obligea à le regarder. « Ma chérie », dit-il enjôleur, je suis ton papa. J’ai toujours été ton papa. Et ta maman aussi, depuis qu’elle nous a quittés. »

« Non mon papa…. Tu as laissé emporter Flinnie… on ne doit pas faire de mal à Flinnie… il n’est qu’un petit chien… les petits chiens sont créés par Dieu… »

« Agnès. Écoute-moi. Je suis ton papa. « Il est temps maintenant… »

« Non mon papa… Dieu est mon papa… Dieu est ma maman…

« Les papas ne font pas des choses que Dieu n’aime pas… Non mon… »

Sachant que la chapelle au Vatican attendait l’appel téléphonique pour commencer le Cérémonial, Léo donna un rapide signe d’instructions à l’Archiprêtre. Comme si souvent, il fallait agir d’urgence, et c’était la seule échappatoire : il était requis que la victime soit consciente à la première consommation rituelle qui devait donc être exécutée immédiatement.

Conscient de son devoir d’officiant, l’Archiprêtre se mit à côté du Frère Medico et plaça Agnès à demi droguée sur ses propres genoux. « Agnès. Ecoute. Je suis aussi ton papa, tu sais. Rappelle-toi de l’amour spécial qui existe entre nous ? Est ce que tu te souviens ?»

Obstinément, Agnès continuait à se débattre. « Non, mon papa.. Les papas ne me font pas de vilaines choses… ne me blessent pas… ne blessent pas Jésus…

Des années après, les souvenirs d’Agnès sur cette nuit – particulièrement ce qui lui advint finalement en cette nuit –ne porteraient pratiquement pas de traces à caractère pornographique. Son souvenir de cette nuit, quand il lui revenait, reviendrait comme d’ailleurs tous les souvenirs de toute son enfance : comme des assauts prolongés du démon.

Ce dont elle n’a jamais perdu la mémoire, fut le souvenir de ce Tabernacle lumineux profondément ancré dans son âme d’enfant où la lumière transformait sa souffrance en courage et lui donnait la force de se débattre.

Elle sentait en quelque sorte, sans vraiment le comprendre, que l’intérieur du Tabernacle était réellement l’endroit où Agnès vivait. Ce centre de son être était un refuge intouchable, inépuisable de Force, d’Amour et de Confiance ; L’endroit où se trouvait la Sainte Victime Souffrante, la vraie cible des assauts dont Agnès était l’objet, là pour sanctifier et unir Son martyre au sien.

Ce fut de l’intérieur de ce refuge qu’Agnès entendit toutes les paroles prononcées dans la sacristie la nuit de l’Intronisation. Ce fut de ce refuge qu’elle vit les yeux durs de l’Evêque Léo braqués sur elle et le regard fixe de l’Archiprêtre.

Elle prit conscience du prix de sa résistance Elle sentit son corps glisser des genoux de son père sur ceux de l’Archiprêtre. Vit la lumière miroiter dans les verres de ses lunettes. Vit son père se rapprocher d’elle. Vit l’aiguille briller dans sa main. Sentit la piqûre. Sentit de nouveau le choc du sédatif. Se sentit tomber dans les bras de quelqu’un.

Mais elle se débattait encore. Se battait pour voir. Se battait contre le blasphème, contre les effets de la profanation, contre les psalmodies, contre l’abomination, elle le savait, qui allait se commettre.

Abrutie par les sédatif et ses efforts pour bouger, Agnès fit appel à sa volonté, sa seule arme, et recommença à murmurer ses paroles de défi et de souffrance.

« Non papa… Ne faites pas souffrir Jésus… Ne me faites pas souffrir… »

C’était l’heure. L’heure de l’Avènement du Prince des démons dans la Citadelle. Au tintement de la cloche de l’infini, tous les participants sautèrent sur leurs pieds comme un seul homme dans la chapelle de Léo. Missels en main, avec le clic clac constant des os comme sinistre bruit de fond, ils entonnèrent à pleine voix leur chant de procession, une profanation triomphante de l’hymne de l’Apôtre Saint Paul. « Maran Atha ! Viens, Seigneur ! Viens, Oh Prince. Viens ! Viens !... »

Les Acolytes qui avaient bien répété, les hommes et les femmes, défilèrent de la sacristie à l’Autel. Derrière eux, hâve, mais gardant une certaine distinction dans son habit rouge, le Frère Medico apportait la victime à l’Autel et la coucha de tout son long près du crucifix. Dans l’ombre vacillante du Pentagram voilé, ses cheveux touchaient pratiquement la cage où se trouvait son petit chien.

Du fait de son rang, venait ensuite l’Archiprêtre, clignant des yeux derrière ses lunettes, il portait le cierge noir et prit sa place à la gauche de l’Autel.

Surgit en dernier l’Evêque Léo portant le calice et l’hostie et ajoutant sa voix à l’hymne de la Procession : Qu’il soit poussière ! La parole finale du chant ancestral balayait l’Autel dans la Chapelle cible.

« Qu’il soit poussière ! » Le chant ancestral balayait la forme affaissée d’Agnès, embrumant son esprit encore plus profondément que la drogue, intensifiant le froid qu’elle sentait venir la terrasser.

« Qu’il soit poussière ! » Amen ! Amen ! » Les paroles ancestrales balayaient l’Autel de la chapelle Saint Paul. Leurs volontés et leurs cœurs ne faisant qu’un avec ceux des participants en Amérique, la Phalange Romaine reprit le refrain des « mystères » préparé pour eux dans leur missels latins qui commençait par l’hymne à la Vierge violée et qui se terminait avec l’invocation à la Couronne d’Epines.

Dans la chapelle sœur, l’Evêque Léo ôta la bourse de la victime de son cou et la plaça avec révérence entre la tête du Crucifix et le pied du Pentagram. Les Acolytes mirent trois cubes d’encens dans l’encensoir, presque immédiatement une fumée bleue se répandit en volutes dans le hall de l’assemblée, son odeur prenante envahissant pareillement la victime, les célébrants et les participants.

Dans l’esprit embrumé d’Agnès, la fumée, les odeurs, les drogues, le froid et les bruits se mélangeaient selon un rythme hideux.

Bien qu’aucun signal n’ait été donné, le téléphoniste du cérémonial informa sa contrepartie au Vatican que les invocations allaient débuter. Un silence soudain envahit la chapelle américaine. Solennellement, l’Evêque Léo éleva le Crucifix pour le mettre devant l’Autel et face à l’assemblée, il leva sa main gauche en un signe de bénédiction inversée : figurant par la position de ses doigts les cornes du bouc.

« Invoquons-le ! »

Dans une atmosphère de ténèbres et de feu, le célébrant en chef dans chaque chapelle entonna une série d’invocations au Prince des ténèbres. Les participants dans les deux chapelles chantaient les répons.

Ensuite et seulement dans la chapelle américaine d’origine, chaque répons était suivi du geste approprié – un geste rituellement déterminé par l’esprit et la signification des mots.

La cadence parfaite des paroles et des volontés entre les deux chapelles était de la responsabilité des deux téléphonistes du Cérémonial qui tenaient les lignes.

Cette parfaite cadence allait tisser une étoffe parfaitement adaptée révélatrice de l’intention humaine de vouloir envelopper comme d’un vêtement, le théâtre de l’Intronisation du Prince de ce monde.

« Je crois en Un Pouvoir. » La voix de l’Evêque Léo sonnait avec conviction.

« Et son nom est Cosmos », les Participants des deux chapelles chantaient les répons figurant dans leurs missels en latin.

Le geste approprié suivait dans la chapelle sœur américaine. Deux acolytes encensaient l’Autel. Deux autres prenaient les fioles de la Terre, de l’Air, du Feu et de l’Eau et les plaçaient sur l’Autel, puis retournaient à leurs places.

« Je crois dans le Seul Fils engendré de l’Aube Cosmique. » chanta Léo.

« Et son nom est Lucifer. » La seconde réponse ancestrale. L’acolyte de Léo alluma les cierges autour du Pentagram et encensa le Pentagram.

La troisième invocation : « Je crois en l’Un Mystérieux »

La troisième réponse : « Et il est le serpent avec son venin dans la pomme de la vie. »

Les assistants, s’approchèrent de la colonne rouge pour retourner le bouclier exposant le Serpent sur la face où figurait l’Arbre de la Connaissance.

Le Gardien à Rome et l’Evêque aux USA entonnèrent ensemble la quatrième invocation :

« Je crois en l’Ancien Leviathan. »

A l’unisson et par delà un océan et un continent, la quatrième réponse :

« Et son Nom est Haine ». La colonne rouge et l’Arbre de la Connaissance furent encensés à leur tour.

La cinquième invocation : « Je crois en l’Antique Renard »

La cinquième réponse pleine de concupiscence : « Et son nom est Mensonge »

La colonne noire fut encensée en tant que symbole du désolé et de l’abominable.

Dans la lumière tremblante des cierges et de la fumée bleue qui l’entourait, Léo jeta un coup d’œil sur la cage de Flinnie près d’Agnès. Le chiot était presque alerte maintenant, debout sur ses pattes aux bruits des crissements, des chants et cliquètements des os.

« Je crois en l’Antique Cancer, » Léo lisait la sixième invocation en latin.

« Et son Nom est Douleur de la Vie » la sixième réponse retentit avec force.

Tous les yeux fixés sur lui, l’Acolyte monta à l’Autel, atteignit la cage où le chiot agitait la queue attendant une caresse, saisit d’une main l’infortunée créature, et de l’autre exécuta une parfaite vivisection, sectionnant d’un seul coup les organes de l’animal qui poussa un cri perçant.

Expert qu’il était, l’acolyte prolongea simultanément et l’agonie du petit chien et la jouissance frénétique des assistants au Rituel d’imposition de la souffrance.

Cependant, tous les sons ne se noyaient pas dans le vacarme infernal de cette horrible célébration. Faible, la voix d’Agnès d’une extrême angoisse, comme un cri silencieux lors de l’agonie de son chien, murmura suppliante et emplie de douleurs : « Dieu est mon Père ! Dieu Saint !... Mon petit chien !... Ne le blessez pas !... Dieu est mon Père… Ne faites pas souffrir Jésus… Dieu Saint… »

Attentif à tous les détails, Léo jeta un coup d’œil vers la victime. Même dans un état de demi-conscience, elle se débattait encore. Elle se rebellait encore. Elle souffrait toujours. Elle priait encore avec une résistance intraitable qui lui était propre.

Léo s’en réjouit, quelle parfaite petite victime. Ce serait un réel plaisir pour le Prince des démons. Sans pitié et sans temps mort, Léo et le « Gardien » continuèrent, avec leurs assemblées, les invocations et les gestes appropriés à chacune d’elle jusqu’à la quatorzième, comme une pièce de théâtre bruyante et perverse.

L’Evêque Léo termina la première parie de la célébration sur la grande invocation :

« Je crois que le Prince de ce monde sera intronisé cette nuit dans l’Antique Citadelle et que de là, il sera amené à créer une Nouvelle Communauté. »

La réponse fut délivrée avec un enthousiasme unanime dans une atmosphère d’épouvante.

L’heure était venue pour Léo de porter Agnès sur l’Autel. L’archiprêtre au même moment levait de sa main droite le calice et de sa main gauche la grande hostie.

Léo lut les prières de l’Offertoire, attendant après chaque question rituelle, que les assistants aient bien lu les réponses dans leurs missels.

« Quel était le nom de la victime quand elle est née pour la première fois ? »

« Agnès ! »

Quel était le nom de la victime quand elle est née pour la deuxième fois ? »

« Agnès Susannah ! »

Quel était le nom de la victime quand elle est née pour la troisième fois ? »

« Rahab Jericho ! »

Léo releva Agnès sur l’Autel et lui piqua l’index de la main gauche jusqu’à ce que le sang sorte de la petite blessure.

Glacée et la nausée montant en elle, Agnès se sentit enlevée de l’Autel, mais elle ne parvenait plus à ouvrir les yeux. Elle tressaillit sous la piqûre ressentie dans sa main gauche. Elle capta quelques mots isolés et menaçants qu’elle ne pouvait entendre. « victime… Agnès… Trois fois née… Rahab Jericho…

Léo trempa son index gauche dans le sang d’Agnès, et le tendant, devant les assistants, commença les chants de l’Offertoire.

« C’est, le sang de notre victime, répandu » pour que notre service rendu au Prince soit accompli » Puisse t il régner, Suprême, dans la maison de Jacob « dans le nouveau pays de l’Elu. »

C’était au tour de l’Archiprêtre. Le Calice et l’Hostie toujours levés, il donna le répons rituel de l’Offertoire.

« Je te prends avec moi, victime toute pure » Je t’apporte au nord qui n’est pas Saint, « je t’apporte à la Gloire du Prince. »

L’Archiprêtre plaça l’hostie sur la poitrine d’Agnès et tint le calice au-dessus du bas de son buste.

Flanqué à gauche et à droite de l’Archiprêtre et de l’Acolyte Medico, Léo jeta un coup d’œil vers le téléphoniste de la cérémonie. Assuré que le « Gardien » à la face de granit et sa phalange romaine était parfaitement en phase, lui et ses célébrants entonnèrent les prières de supplication.

« Nous vous demandons, Seigneur Lucifer, Prince des Ténèbres » Toi qui recueilles toutes nos victimes « d’accepter notre offrande » dans le but de commettre une multitude de péchés.

Puis, parfaitement à l’unisson, ceci issu d’une longue habitude, L’évêque et l’Archiprêtre prononcèrent les très saintes paroles de la messe latine. A l’élévation de l’hostie « HOC EST ENIM CORPUS MEUM ». A l’élévation du calice « HIC EST ENIM CALIX SANGUINIS MEI, NOVI ET AETERNI TESTAMENTI, MYSTERIUM FIDEI QUI PRO VOBIS ET PRO MULTIS EFFUNDETUR IN REMISSIONEM PECCATORUM. HAEC QUOTIESCUMQUE FECERITIS IN MEI MEMORIAM FACIETIS. »

Les assistants répondaient par un nouveau vacarme rituel, un déluge de confusion, une babel de mots et de cliquettements, des gestes obscènes de toutes sortes, pendant que l’Evêque prenait un petit fragment de l’hostie et buvait une petite gorgée du calice.

Au signal de Léo, un nouveau signe de bénédiction inversée, le vacarme rituel reprit et les participants formèrent des files pour recevoir la communion à l’Autel : un fragment d’hostie et une gorgée du calice – ils en profitaient pour regarder Agnès. Attentifs à ne pas manquer une seule miette du rituel de violation, ils retournèrent rapidement à leurs prie dieu et s’agenouillèrent tournés vers l’Evêque et les yeux fixés sur l’enfant.

Agnès tentait de toutes ses forces de se libérer de l’étreinte de l’Evêque qui l’écrasait. Même là, elle tournait sa tête cherchant vainement de l’aide dans ce lieu sans pitié. Mais pas d’espoir de secours. L’Archiprêtre attendait son tour assoiffé de sacrilège et son propre père, le sien.

Le feu des cierges noirs se reflétait rougeoyant dans ses yeux. Le feu enflammait ces yeux, les yeux de tous. Un feu qui brûlerait longtemps après que les cierges aient été éteints.

Qui brûlerait pour toujours……

La souffrance qui enveloppa le corps et l’âme d’Agnès cette nuit là fut si profonde qu’elle enveloppait en même temps le monde entier. C’est n’était pas que son agonie à elle, elle en était sûre. Ces serviteurs de Lucifer qui la violaient ainsi sur cet Autel abominable, atteignaient aussi ce Seigneur, à la fois son Père et sa Mère.

De la même façon qu’Il avait transformé sa faiblesse en courage, Il sanctifia sa profanation à elle par les outrages de sa flagellation à lui et les Souffrances de sa Passion. C’était vers lui, vers son Dieu qui était à la fois son seul Père et sa seule Mère et son seul Défenseur – qu’Agnès se tourna pour hurler sa terreur, son horreur, sa souffrance. Vers Lui, son seul refuge, avant de perdre conscience.

Léo se tenait devant l’Autel, son visage en nage et coloré par une nouvelle excitation, son instant de triomphe personnel était arrivé !

Un signe de tête au téléphoniste de la Cérémonie, un instant d’attente, un signe de réponse, Rome était prête.

« Par le Pouvoir qui m’est conféré en tant que co-célébrant du sacrifice et accomplissant parallèlement l’Intronisation, je vous invite tous ici et à Rome à invoquer, Vous, le Prince de Toutes les Créatures !

Au nom de tous ceux qui sont rassemblés dans cette Chapelle et de tous nos frères de la Chapelle de Rome, je vous invoque, O Prince ! »

La seconde prière d’investiture était dirigée par l’Archiprêtre. Summum de tout ce vers quoi il tendait, sa récitation en latin fut un modèle d‘émotion contrôlée :

« Viens, prends possession de la maison de l’ennemi. « Entrez dans la place qui a été préparée pour vous « Descendez parmi vos fidèles serviteurs » qui ont préparé votre couche. « Qui ont érigé votre Autel et l’ont béni dans l’infamie. »

Il convenait que ce soit l’Evêque Léo qui offre la prière final d’investiture de la Chapelle du Vatican à Rome :

« Appliquant les Sacro-saintes instructions du Mountaintop – Sommet de la montagne, » « Au nom de tous les frères, « Je vous adore maintenant, vous, Prince des Ténèbres. » « Avec l’étole de toute Impiété, « Je place en vos mains » La Triple Couronne de Pierre » Selon la volonté inflexible de Lucifer « Qu’il règne Ici. » Afin que l’Eglise puisse être, « UNE Eglise de Mer à Mer, » « Un vaste et puissant rassemblement de l’homme, de la femme de l’animal et du végétal. « De façon que notre Cosmos soit à nouveau unique, sans limite et libre.

Au dernier mot et au dernier geste de Léo, tous dans la Chapelle furent assis.

Le Rituel basculait sur la chapelle Saint Paul à Rome.

Tout était parfaitement accompli maintenant de l’Intronisation du Prince de ce monde dans la Citadelle de l’Agneau Immolé. Il ne restait plus que l’Autorisation, les Instructions et la Marque des serments à faire.

Le Gardien leva son regard peu amène au dessus de l’Autel vers le prussien, le Délégué International qui avait apporté la sacoche contenant les pièces de l’Autorisation et des Instructions. Tous le regardaient attentivement alors qu’il quittait sa place pour aller à la gauche de l’Autel prendre la sacoche, enlever les papiers qui s’y trouvaient et lire le décret de l’Autorisation avec un accent lourd de sens :

« Par mandat de l’Assemblée et des Sacro Saints Aînés, J’institue, autorise et reconnais cette chapelle, dés lors comme chapelle intérieure, prise, possédée et complètement devenue propriété de Celui dont nous avons effectué et accepté l’Intronisation en tant que Seigneur et Maître de notre destinée humaine.

« Quiconque sera, par le moyen de cette chapelle intérieure, désigné ou choisi comme le successeur final de la Chaire de Pierre, sera par son serment, obligé, lui et tout ce qu’il aura à diriger, d’être l’instrument volontaire et le collaborateur de ceux qui construisent la Maison de l’Homme sur Terre par le Cosmos de l’Homme.

Il transformera les anciennes Inimitiés en Amitié, Tolérance et Assimilation selon des modèles qui s’appliqueront dans les domaines de la naissance, l’éducation, le travail, la finance, le commerce, l’industrie, l’enseignement, la vie, le don de la vie, la mort et le traitement de la mort. Avènement du Nouvel Age (New Age) de l’Homme.

« Qu’il en soit Ainsi ! » Le Gardien dirigeait le répons de la phalange romaine.

« Qu’il en soit Ainsi ! » Au signal du téléphoniste, L’évêque Léo dirigea le répons de ses participants dans leur assentiment.

L’ordre qui suivait dans le rituel, le décret des Instructions, était en réalité, un serment solennel de trahison par lequel tout clerc présent dans la chapelle Saint Paul – Cardinal, Evêque et monsignore – délibérément et intentionnellement, désacralisait le Sacrement des Saints Ordres par lequel il avait reçu la grâce et le pouvoir de sanctifier les autres.

Le Délégué International leva sa main gauche pour tracer le Signe.

« Que Tous et chacun d’entre vous, (il lut le serment) ayant entendu le décret d’Autorisation, jure maintenant de l’accepter volontairement, immédiatement, sans aucune réserve ou contestation.

« Nous le voulons ! »

« Chacun d’entre vous et tous ensemble jurez-vous solennellement que l’administration de votre charge sera destinée à poursuivre les objectifs de l’Eglise Universelle de l’Homme ? »

« Nous le jurons solennellement. »

« Etes vous prêts, chacun d’entre vous, à sceller cette volonté unanime de votre propre sang, ce qui vous liera à Lucifer, si vous êtes infidèle à ce serment et à ses implications ?

« Nous le voulons et nous y sommes prêts »

« Etes vous chacun et tous pleinement consentant que, par ce serment, vous transférez le pouvoir sur vos âmes et leur possession de l’Ancien Ennemi, l’Agneau Immolé, entre les mains très puissantes de notre seigneur Lucifer ? »

« Nous y consentons. »

Le moment était venu à la fin du Rituel de sceller le serment.

Après avoir posé les deux documents sur l’Autel, le Délégué tendit sa main gauche au « Gardien ». Avec une épingle d’or, le Romain à face de granit, piqua l’extrémité du pouce gauche du Délégué et le pressa sur le décret de l’Autorisation à côté de son nom en une empreinte sanglante.

Ensuite et rapidement, les participants du Vatican suivirent. Quand tous les membres de la phalange eurent satisfait à ce rituel, une petite cloche d’argent teinta dans la chapelle de Saint Paul.

Dans la chapelle Américaine, la cloche de l’infini teinta à distance en signe d’assentiment sa réponse légèrement, musicalement par trois fois.

Ding ! Dong ! Ding !

Alors que les deux assemblées entonnaient le chant final :

« Ding ! Dong ! Dell ! Tiendront-elles encore les antiques portes ! Le Roc et la Croix doivent tomber pour toujours » Ding ! Dong ! Dell ! »

La procession se forma par ordre hiérarchique. Les Acolytes d’abord. Frère Medico, avec Agnès pantelante et d’une pâleur effrayante dans ses bras.

Puis, l’Archiprêtre et l’Evêque qui achevèrent le chant en entrant dans la sacristie.

Les membres de la Phalange Romaine sortirent dans la cour de Saint Damase aux premières heures du jour de la fête des Saint Apôtres Pierre et Paul le 29 Juin 1963. 

Quelques cardinaux et quelques évêques répondirent au salut plein de respect des gardes de la sécurité par un signe de croix de bénédiction tracé en l’air, l’esprit complètement ailleurs, en entrant dans leurs limousines.

En un instant, les murs de la Chapelle Saint Paul retrouvèrent, comme de tout temps, leurs jolies fresques du Christ et de l’Apôtre Paul dont le dernier successeur en date de Pierre venait de prendre le nom (Paul VI élu quelques jours avant – ndlt)

NB : rapide résumé des années 1978, 1979 jusqu’à la fin du prologue « les Signes de la Fin » et avant la Partie I intitulée : Le Soir de la Papauté – Des plans bien montés…

Octobre 1978 – mort du Pape Paul VI en août 78, puis du Pape Jean Paul I, 33 jours après son élection le 29 Septembre 1978 et la veille du chapitre général de l’ordre des jésuites à Rome sous l’égide du Père ARUPPE (Voir également de Malachi Martin : Les Jésuites, la Société de Jésus et la trahison de l’Eglise Catholique Romaine, publié aux Editions SIMON § SCHUSTER NY Copyright de Malachi Martin Entreprises, Ltd. 1987)

C’est seulement après l’élection de Jean Paul II, compte tenu de la tenue de deux conclaves en si peu de temps que les papiers personnels des deux papes, soit plus de 15 ans de règne, sont triés par Le Secrétaire d’Etat de l’époque :

Jean Claude de Vincennes (partout dans les ouvrages de Malachi Martin, il s’agit de noms d’emprunt ndlt,

Mgr Aureatini (également participant à la nuit du 29 Juin 1963 et qui fut le Secrétaire personnel du successeur de Jean Claude de Vincennes comme Secrétaire d’Etat (dans les chapitres suivants, le Secrétaire d’Etat qui succède à Jean Claude de Vincennes en 1979 après sa mort est Mgr Mastroiani, c’est lui qui tentera d’empêcher, vainement d’ailleurs, Jean Paul II de rencontrer la sœur Lucie unan  après son attentat lors de son pèlerinage à Fatima par des ordres intimés tant à l’Evêque de Fatima qu’à la Mère Supérieure de Sœur Lucie)

et le Père Aldo Carnesseca.

Là, dans les papiers, ils trouvent une enveloppe cachetée mais dont le sceau papal a été brisé portant la mention de la main de Paul VI : « Pour notre successeur sur le trône de Pierre et une date le 3 Juillet 1975, puis de la main de Jean Paul Ier : « concernant l’état de notre Sainte Mère l’Eglise après le 29 Juin 1963 » rédigé le 28 Septembre 1978 juste un jour avant sa mort ! L’enveloppe disparut avant d’atteindre les archives du Vatican (elle contenait le décret d’autorisation avec les noms et les signatures de tous les participants ayant prêté serment cette nuit de l’Intronisation de Lucifer le 29 Juin 1963 en la Chapelle St Paul du Vatican..

Jean Claude de Vincennes meurt dans un accident d’auto dans le sud de la France à Mablon son lieu de naissance, le 19 Mars 1979.